Monsieur le Ministre, les personnels sont régulièrement broyés et exercent des métiers et des fonctions qu’ils estiment dénaturés. Cela se traduit par une multiplication des tâches. Cela est bien entendu lié au rythme des réformes, au fondement de ces dernières comme à leur application souvent violente. C’est aussi la déconsidération économique, sociale et humaine des personnels. Ces femmes et ces hommes ont-ils signé pour cela ? Faut-il que le plus beau métier du monde soit synonyme de sacrifice plutôt que d’épanouissement ?
Voilà des années que nous alertons l’Institution, sur le plan national comme local, pour dénoncer ce mal-être. Faut-il que nous fassions le travail à votre place ? Combien de minutes de silences allons-nous encore devoir demander dans les instances avant que le problème soit véritablement pris à bras-le-corps ?
Monsieur le Ministre, nous vous le disons avec beaucoup de solennité : enseigner ne doit plus tuer. Il n'y a pas de priorité plus importante que celle-ci dans notre ministère.
Monsieur le Ministre,
Vous devez avoir conscience du mal-être et de la détresse dans laquelle sont plongés les professeurs et personnels de l’Education nationale. Septembre est mortifère : tentative de suicide à Fos-sur-Mer, suicide de notre collègue Christine. Un nom, un mort, qui rejoint celui de Jean, présent encore dans les esprits. Et puis il y a les autres, anonymes, comme celui, récent, au lycée hôtelier de Chamalières. Ou les 6 suicides en 11 ans, à Béziers, dans le même lycée.
La justice et les enquêteurs feront bien évidemment leur travail. Mais des écrits, accablants pour l’Institution, existent et ne peuvent-être ignorés.
Nous estimons que l’Etat porte une grande part de responsabilité. Il n’a pas su répondre à son devoir de protection des personnels en négligeant notamment depuis des décennies la question de la médecine du travail. La santé et la protection des personnels sont prioritaires. Pourquoi n’a-t-il jamais eu d’études du ministère sur la question des suicides et des burnout dans l’Education nationale ? Le problème n'est pourtant pas nouveau : déjà en 2002, l’INSERM estimait que la moyenne des suicides chez les enseignants était 2.4 fois supérieure à la moyenne nationale.